Le Jean Zay, un supercalculateur écolo que le monde nous envie

Le Jean Zay, un supercalculateur écolo que le monde nous envie

Entamé ce matin, le salon Vivatech mettra en valeur les progrès effectués par les intelligences artificielles françaises, ayant pu se développer grâce à Jean Zay, le supercalculateur développé à l’université d’Orsay.

Oscar Tessonneau

Un outil franco-européen

Qui aurait pu dire qu’une nouvelle page de l’histoire des sciences s’écrirait le 23 décembre 2020 ? En pleine période COVID, où les informations et autres fake news sur le virus pullulent sur la toile, le très sérieux journal *Science* publie un article. Il est rédigé par des chercheurs de l'Université Science & Technology of China à Hefei."Sous la direction de Chao-Yang Lu, cette équipe a démontré un avantage quantique en résolvant le problème de l’échantillonnage du boson gaussien sur un ordinateur à puces photoniques, le Jiuzhang, en 200 secondes — un calcul qui aurait duré 2,5 billions d’années sur le Sunway TaihuLight," précise Conne.

Ce progrès scientifique met en lumière les progrès considérables effectués par la Chine sur les questions d’Intelligence Artificielle (IA). Néanmoins, ce supercalculateur chinois n’a pas grand-chose de plus que Jean Zay. Situé à Orsay, ce supercalculateur « Made In France » est une pièce maîtresse dans le réseau de calcul intensif franco-européen. "L'arrivée de Jean Zay représente une avancée significative non seulement pour le CNRS et l'IDRIS mais aussi pour l'ensemble de la communauté scientifique européenne," déclare Janine Connes, soulignant l'impact de cette installation sur la capacité de recherche française. Avec ses 86 344 cœurs de calcul Intel Cascade Lake et ses 2 696 unités de traitement graphique (GPU) NVIDIA V100, Jean Zay est un outil avec une impressionnante puissance de calcul. "La combinaison de ces technologies avancées permet d'aborder des problématiques complexes tant dans le domaine du calcul haute performance (HPC) que de l'intelligence artificielle (IA)," ajoute Jannes. De plus, elle écrit que les capacités du supercalculateur sont renforcées par sa capacité à gérer des volumes de données gigantesques, grâce à un programme de collaboration transfrontalier ambitieux. En effet, la phase de coopération entre l’IDRIS et HPE pour le supercalculateur Jean Zay, marquée par un "contrat de progrès", a permis le portage réussi de six applications phares couvrant un large éventail de disciplines."Cette collaboration avec HPE a été essentielle pour nous assurer que Jean Zay répond aux besoins diversifiés de la communauté scientifique," affirme un ingénieur du projet chez GENCI. "Chaque application phare a été choisie pour représenter un domaine de recherche spécifique, assurant ainsi que le supercalculateur soit bien équipé pour gérer une variété de charges de travail," explique ce dernier, qui porte également beaucoup d’intérêt à la question climatique.

Science et climat

Jean Zay est un outil combinant des processeurs Intel CSL et des accélérateurs Nvidia GPU. Sensible aux enjeux climatiques et à la question du développement durable, Connes précise que le supercalculateur est adapté aux enjeux climatiques de demain. "Avec une consommation électrique de près de 2 MWh, l'efficacité énergétique était un défi majeur. La solution a été trouvée dans un système de refroidissement à eau tiède de dernière génération," mentionne Connes démontrant l'engagement du CNRS envers la transition climatique. De plus, le supercalculateur joue également un rôle clé dans l'accommodation des besoins en données massives. "Avec une capacité de stockage flash de 2,5 Po et des débits de 0,5 To/s, Jean Zay peut gérer des volumes énormes de données, essentiels pour les projets de recherche avancée," explique Connes. Ce niveau de performance place Jean Zay parmi les supercalculateurs les plus efficaces et les plus écologiques au monde. Demain, Jean Zay sera prêt à résoudre les calculs les plus complexes. "La conception de Jean Zay est déjà en phase avec les architectures des supercalculateurs exaflopiques à venir. Cela prépare notre infrastructure à relever les défis scientifiques de demain," écrit Connes.

Quand l’IA devient politique

En mars 2018, à la suite de la recommandation de Cédric Villani, mathématicien et député de l’Essonne, une composante IA a été explicitement intégrée dans la stratégie de développement de Jean Zay. Ce choix a conduit à l'installation du prototype Ouessant. Ce système, doté de 12 nœuds OpenPOWER spécialement configurés pour les besoins en IA du supercalculateur. "Le prototype Ouessant a permis de tester des applications IA avant leur déploiement à plus grande échelle sur Jean Zay" explique un ingénieur d’une grande firme américaine, spécialiste de la science des données et du Deep Learning. En effet, les IA utilisées par Jean Zay ne sont pas seulement techniques. Elles représentent également une nouvelle ère pour les applications scientifiques et industrielles. "L'impact de Jean Zay va bien au-delà de la simple augmentation de puissance de calcul. Il permet des avancées significatives dans la compréhension des problèmes complexes que nous n'aurions pas pu résoudre auparavant," confie un chercheur impliqué dans les grands challenges. Soutenu par des financements gouvernementaux substantiels annoncés par Emmanuel Macron, précisant hier soir que 100 000 Français seront formés aux métiers de l’IA lors des prochaines années, Jean Zay et les initiatives associées sont bien positionnés pour propulser la France comme un leader dans la recherche technologique et scientifique à l’échelle mondiale.

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