Leur ode à l'Europe

Leur ode à l'Europe

Ce mardi, la tête de liste du parti, Valérie Hayer, et ses colistiers se sont réunis à la salle de la Mutualité pour proposer un projet politique europhile et libéral.

Oscar Tessonneau

Question de survie

Mardi soir, à la salle de la Mutualité, la fête était à son comble. Rythmé par des chants de stades de football, le rassemblement de Valérie Hayer, tête de liste du parti d'Emmanuel Macron aux élections européennes, s'est transformé en une ode à l'Europe lorsque les colistiers ont placé la question économique au cœur de leurs discours. Qu'elles soient liées aux industries commerciales ou militaires, ces questions liées au marché européen ou à la politique de l'offre, sont des sujets que l'ancien Premier ministre Édouard Philippe connaît par cœur. Ce dernier a longuement critiqué la décision de 2019 d'interdire la fusion entre Alstom et Siemens, une décision qu'il juge basée sur de "mauvais fondements". Il a également plaidé pour une politique économique embrassant plus efficacement la compétition mondiale, notamment avec la Chine, vendant à perte pour augmenter drastiquement ses excédents commerciaux. "Nous sommes à un tournant. Face aux ambitions économiques et technologiques de la Chine et à la pression constante des États-Unis, l'Europe doit choisir. Acceptons-nous d'être des acteurs passifs ou prenons-nous en main notre destin économique ? Ce n'est pas seulement une question de politique, c'est une question de survie," a déclaré le maire du Havre, encourageant une approche plus agressive et unifiée pour sécuriser l'avenir économique de l'Europe, et s'assurer que les acteurs économiques du vieux continent pourront produire leurs marchandises tout en dégageant des bénéfices. "L'Europe doit être le fer de lance de la protection des consommateurs mais aussi un compétiteur redoutable sur la scène internationale," a ajouté Stéphane Séjourné, faisant référence à la politique industrielle européenne, mise en danger par les politiques commerciales agressives de ses rivaux.

Protection

Dans une salle comble, apaisée par les discours précis et techniques des deux anciens Premiers ministres d'Emmanuel Macron, Bernard Guetta a également abordé ces questions de souveraineté économique. "L'Europe ne peut plus se permettre de rater les révolutions industrielles futures, comme celle des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle." Selon lui, des initiatives américaines telles que l'IRA (Inflation Reduction Act) montrent une renaissance de la planification industrielle et des subventions d'État, pour que les entreprises soient protégées par des frontières, si elles souhaitent créer une politique de l'offre attractive pour les consommateurs. "Si nous ne construisons pas rapidement une défense commune et une politique industrielle robuste, nous serons dépassés par des puissances qui n'ont pas abandonné l'ambition de régner sur le monde," a ajouté l'ancien journaliste, tout en citant quelques chiffres illustrant l'importance des premiers investissements effectués par Bruxelles lors du dernier mandat. "Avec la mise en place du fonds de relance européen de près de 800 milliards d'euros, orchestré en partie par l'effort conjoint d'Emmanuel Macron et d'Angela Merkel, l'Europe a montré sa capacité à unir ses forces face à une crise sans précédent," indique Bernard Guetta, tout en notant que "ces fonds ne sont pas seulement une bouée de sauvetage économique [...]. C'est un pas en avant vers une autonomie stratégique qui nous permettrait de nous défendre sans dépendre exclusivement des États-Unis." Pour étayer son propos, Guetta ne manque pas de souligner les risques de l’inaction. "Si nous ne consolidons pas ces avancées, l'Europe risque de se retrouver à la merci de puissances extérieures qui ne partagent pas nos valeurs ou nos intérêts. Nous devons agir maintenant pour sécuriser notre avenir commun," insiste-t-il, soulignant que le risque d'avoir une Europe submergée par une marchandise sino-américaine produite à bas coût subsiste.


"Depuis la mise en œuvre du plan de relance européen de 750 milliards d'euros, nous avons non seulement stabilisé mais aussi propulsé nos économies face à une crise sans précédent,"


Cet événement à la Mutualité fut également marqué par le discours de Gabriel Attal. Avec beaucoup de flegme et de sang-froid, le Premier ministre a prononcé un vrai plaidoyer pour une Europe puissante et unie. "Depuis la mise en œuvre du plan de relance européen de 750 milliards d'euros, nous avons non seulement stabilisé mais aussi propulsé nos économies face à une crise sans précédent," affirme-t-il avec emphase, tout en documentant avec des chiffres précis les succès du plan de relance : "Nous avons investi massivement dans la recherche et le développement, avec une augmentation de 20 % des fonds alloués à l'innovation, visant notamment les secteurs de l'intelligence artificielle et des énergies renouvelables." Attal se permet ainsi de rappeler que l'Europe est un continent en pleine mutation sur des questions aussi stratégiques que la défense, abordées hier par le président de CMA-CGM dans les colonnes du Monde : "Avec l'initiative européenne d'intervention et le fonds européen de la défense, doté de 13 milliards d'euros, nous sommes en train de bâtir une Europe qui peut se défendre seule, qui peut protéger ses citoyens sans dépendre exclusivement des forces extérieures." Enfin, le Premier ministre a rappelé avec une précision chirurgicale que cette révolution économique ne pourra pas avoir lieu si de nouveaux moyens de transports ne sont pas développés "L'Europe du rail, avec l'objectif de doubler la part du ferroviaire d'ici 2030, est le type de projet ambitieux qui transformera notre continent, réduira notre empreinte carbone et boostera notre compétitivité économique," ajoute-t-il. "Et n'oublions pas l'avion vert, ce projet majeur qui révolutionnera l'aviation, réduira les émissions et renforcera l'industrie européenne tout en préservant notre planète pour les générations futures," conclut Gabriel Attal, en montrant toute l’importance que son parti porte aux nouvelles formes d’énergie, comme les gaz naturels liquéfiés, sur lesquels des entreprises comme CMA-CGM investiront massivement lors des prochaines années.

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