Les relations sino-françaises vues par un vrai gaulliste

Les relations sino-françaises vues par un vrai gaulliste

En France, le début de semaine fut marqué par la visite de Xi Jinping. Invitée, la présidente de la Commission, Ursula Von Der Leyen, occupera un rôle central dans ces échanges diplomatiques. Sa présence montre qu’Emmanuel Macron s’oppose à la vision souverainiste et gaulliste des relations internationales, à laquelle l’ancien député Henri Guaino est attaché. 

Oscar Tessonneau 

"La France de De Gaulle n’était pas plus grande, matériellement, face aux États-Unis et à l’Union soviétique ; elle ne pesait pas plus lourd sur la scène du monde qu’aujourd’hui face aux États-Unis et à la Chine. Pourtant, elle comptait davantage. Elle était plus indépendante et plus prospère."

La visite de Xi Jinping à Paris ne peut être dissociée d'une compréhension profonde des dynamiques de pouvoir mises en place depuis 1964, année lors de laquelle le général de Gaulle entama pour la première fois des échanges diplomatiques avec la Chine.  "La France de De Gaulle n’était pas plus grande, matériellement, face aux États-Unis et à l’Union soviétique ;lle ne pesait pas plus lourd sur la scène du monde qu’aujourd’hui face aux États-Unis et à la Chine. Pourtant, elle comptait davantage. Elle était plus indépendante et plus prospère," écrit l’ancien député Henri Guaino dans son livre intitulé De Gaulle, le nom de tout ce qui nous manque. Ce constat résonne particulièrement aujourd'hui alors que la Chine, sous la direction de Xi Jinping, cherche à étendre son influence mondiale en produisant de la main d’œuvre bon marché à perte pour inverser la courbe de la balance commerciale entre Pékin et les États occidentaux. De nombreuses négociations économiques, sur des questions aussi sensibles que l’exportation de cognac, que les Chinois souhaitent réduire si les Européens imposent trop de sanctions commerciales. 

Restons souverains

Henri Guaino critique cette tendance de la France et de l'Europe à la renonciation commerciale. En bon gaulliste qui se respecte, il souhaite que la France devienne plus souveraine : "Si la France a les mains liées, c’est parce qu’elle s’est liée elle-même en renonçant à sa monnaie, en inscrivant les traités de Maastricht et de Lisbonne dans la Constitution, en consacrant constitutionnellement la supériorité du droit européen sur la loi nationale." Cette perspective économique européenne contraste fortement avec la politique économique chinoise. Très souverainiste, cette dernière favorise le nationalisme économique et la vente de produits industriels à perte pour inonder les marchés occidentaux, comme l’expliquait Raphaël Glucksmann lundi matin dans une tribune publiée dans Le Monde . Ainsi, Guaino pointe du doigt le manque de rééquilibrage européen, un problème, et met en lumière sa vision gaulliste des relations internationales.  "Contre les idéologues, De Gaulle disait que la politique se fait à partir des réalités et dans le monde tel qu’il est, parmi les autres tels qu’ils sont," cite-t-il, proposant une voie pour la France qui, bien que ne pouvant s'extraire de la mondialisation, ne devrait pas non plus s'y dissoudre. Henri Guaino précise que cette vision gaulliste pourrait offrir un modèle alternatif à l'Europe pour gérer ses relations avec des puissances comme la Chine, en cherchant à équilibrer coopération et indépendance plutôt que de succomber à une dépendance économique ou politique. La visite de Xi sert ainsi de catalyseur pour revisiter et potentiellement revitaliser cette approche plus autonome et pragmatique. 

Stoïque

"Dans le gaullisme, il y a une forme de stoïcisme," rappelle Guaino, une philosophie qui exige de ses adhérents une résistance inflexible aux tendances commerciales du moment, aux facilités du suivisme international, et surtout à la perte de contrôle sur le destin diplomatique de la France auquel était très attaché le général De Gaulle, imposant une forte identité nationale et une indépendance de décision. « C'est ce gaullisme qui pourrait inspirer les décideurs actuels à repenser leur approche vis-à-vis de la Chine, pour sculpter une relation qui respecte l'autonomie et la grandeur française, dans le respect de ce que Malraux appelait la 'fierté mystérieuse' pour laquelle la France se battait. » écrit Guaino, tout en précisant que « la France, par sa force morale, s'était dotée de l'arme nucléaire, avait gardé son libre arbitre face à la logique des blocs et acquis son prestige," selon Guaino. A partir de ces observations, l’ancien député souligne l'importance de maintenir une position de force et d'indépendance dans les relations internationales, notamment face à des puissances montantes comme la Chine. Cette perspective peut servir de guide pour les politiques actuelles, en proposant un équilibre entre engagement global et préservation des valeurs nationales spécifiques.

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