New Start : un traité diplomatique exsangue

New Start : un traité diplomatique exsangue

La décision de la Russie de suspendre sa participation au traité New START en février 2023, suivie par des exercices militaires avec des armes nucléaires tactiques à la frontière ukrainienne en mai 2024,montre que cet accord est en danger.

Oscar Tessonneau

Paix

Dans un monde où les relations diplomatiques deviennent éruptives, Barack Obama avait fait du désarmement nucléaire une priorité. En 2010, il a signé le traité New START, marquant une étape importante dans les relations américano-russes. Cet accord limitait le nombre d’ogives nucléaires déployées à 1 550 pour chaque pays, ainsi que les lanceurs et bombardiers stratégiques à 700, avec des vérifications mutuelles régulières. « À la suite du traité de réduction des armements stratégiques START, signé à Prague le 8 avril 2010, le président des États-Unis avait, à Berlin le 19 juin 2013, indiqué sa volonté de ramener à 1 000 le nombre de têtes nucléaires, » explique le politologue Maurice Vaïsse dans son livre *Les relations internationales depuis 1945*. Depuis, les relations entre Washington et Moscou se sont détériorées. Outre les différends sur le bouclier antimissile en Europe, la décision de Moscou d’accorder l'asile à Edward Snowden a exacerbé les tensions. De plus, le sommet prévu entre Obama et Poutine en septembre 2013 à Moscou a été annulé, symbolisant le refroidissement des relations toujours tendues. « Le tête-à-tête, qui devait avoir lieu à Moscou en septembre 2013, en marge du G20 de Saint-Pétersbourg (5-6 septembre), est annulé, » rapporte Vaïsse.

Folie trumpiste

En 2016, l'arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis a mis ce traité en péril. Dès 2017, l’actuel rival de Joe Biden pour les présidentielles de novembre a exprimé sa volonté de relancer la production de missiles américains, jugeant le traité déséquilibré. Cette position a provoqué un malaise profond au sein du commandement militaire américain, qui considérait New START comme un pilier de la stabilité stratégique. Cette période d'incertitude avait finalement pris fin avec l'élection de [Joe Biden, qui a renouvelé le traité in extremis. Cependant, la fragilisation du traité, et des systèmes de maîtrise des armements, établi dans les années 1980 et 1990, se poursuit. Trump s’est massivement opposé aux stratégies diplomatiques du président ukrainien : « Je pense que Zelensky est peut-être le plus grand vendeur de tous les politiciens qui aient jamais existé Chaque fois qu’il vient dans notre pays, il repart avec 60 milliards de dollars. » a déclaré le candidat républicain. S’il est élu en novembre, il a menacé de suspendre toute aide à l’Ukraine, promettant de régler cette question avant de reprendre la Maison Blanche.

Cyberattaques

Ce regain de tension russo-américain a favorisé la montée des cyberattaques. La Russie, souvent pointée du doigt pour ses attaques dans le cyberespace, utilise cette dimension comme un outil stratégique. «Les cyberattaques constituent l’un des grands enjeux de la sécurité européenne à partir de la deuxième moitié des années 2000, » souligne Maurice Vaïsse. Les cyberattaques russes contre les armées occidentales, bien que difficiles à attribuer de manière certaine, ont paralysé des infrastructures critiques en Estonie en 2007, illustrant la vulnérabilité des pays occidentaux. En réponse, les membres de l’OTAN ont fait de la cybersécurité une priorité pour les nations occidentales. En 2008, ils inaugurent à Tallinn le Centre d’excellence de cyberdéfense coopérative de l’OTAN. « Les pays occidentaux décident d’investir davantage dans la cyberdéfense, ce que souligne le concept stratégique otanien de 2010, » ajoute Maurice Vaïsse. Ce centre vise à développer la recherche et la formation dans le domaine de la guerre électronique, sur lequel le politologue Nicolas Badalassi a travaillé. Dans son livre *Histoire de la sécurité européenne depuis 1945 : De la guerre froide à la guerre en Ukraine*, il pointe l'impact de cette fragilisation sur la sécurité en Europe et souligne l'importance croissante des cyberattaques. « En 2007, une série de cyberattaques paralyse une partie des services publics estoniens, mais aussi les banques, les journaux et les chaînes de télévision du pays, après que les autorités locales ont décidé de déplacer une statue datant de la période soviétique. » Enfin, le conflit dans le Donbass a confirmé l'inclusion de la cyberdéfense dans les diverses composantes de la guerre hybride menée par la Russie, illustrant l'importance de cette nouvelle dimension de la sécurité internationale. « Les documents officiels publiés par le gouvernement russe doctrine militaire du 25 décembre 2014, stratégie de sécurité nationale du 31 décembre 2015, doctrine de la sécurité de l’information du 5 décembre 2016, stratégie de développement de l’information, » conclut Nicolas Badalassi. Le cyberespace est désormais un champ de bataille essentiel, et la Russie le considère comme un espace stratégique à part entière.

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