Lors d’une visite à Paris, David Cameron montre qu’il n’a pas perdu son flegme

Lors d’une visite à Paris, David Cameron montre qu’il n’a pas perdu son flegme

Jeudi matin, lors de son discours au Forum mondial pour l'innovation et la souveraineté vaccinale à Paris, l'ancien Premier ministre britannique, David Cameron, a su captiver son audience avec un mélange d'humour et de sérieux. Il a évoqué, non sans une pointe de malice, le soutien financier significatif du Royaume-Uni à Gavi, l'Alliance du Vaccin, comparé à celui de la France.

Oscar Tessonneau

Humour et ironie

Dès les premiers mots, il est évident que David Cameron est un ardent défenseur de la vaccination. Il milite pour le développement de nouvelles solutions thérapeutiques et industrielles dans les pays en voie de développement. Grâce au soutien apporté aux groupes pharmaceutiques, des avancées cruciales ont été réalisées dans la lutte contre des maladies telles que le choléra et le paludisme. Cameron a rappelé avec force les contributions du Royaume-Uni sous sa gouvernance : « Le Royaume-Uni a donné plus de 1,65 milliard de livres sterling, soit 200 fois plus que certaines autres contributions », a-t-il déclaré. Cet engagement financier a permis de sauver des vies en Afrique et d’encourager le développement d’initiatives vitales.

Son discours, teinté d’humour et de second degré, a révélé un Cameron toujours aussi fin et espiègle. Il n'a pas hésité à critiquer les faibles contributions de certains autocrates, comme Vladimir Poutine, en faveur des vaccins, préférant rappeler avec sarcasme que, contrairement à la Russie, la Grande-Bretagne n’envoie pas des armes aux pays en développement, mais bien des vaccins. Cette fierté est celle d’un homme qui a fait des choix économiques ambitieux et qui continue de souligner le rôle de l'Angleterre dans l'amélioration de la couverture vaccinale mondiale.

Rigueur britannique

Pour comprendre comment Cameron a financé cette stratégie vaccinale ambitieuse, il faut se pencher sur la politique budgétaire de son gouvernement. Dès 1998, la "règle d’or" imposait au gouvernement britannique de réserver l'emprunt aux seules dépenses d’investissement. Marc Leroy, dans son ouvrage Les finances publiques du Royaume-Uni, cette discipline a permis de maintenir une rigueur budgétaire même face à la crise de 2008.

Sous Cameron, des dispositifs modernes comme le Bureau pour la responsabilité budgétaire ont été instaurés pour renforcer cette discipline. « La Commission des comptes publics enquête sur les comptes publics et s’appuie de manière extensive sur les rapports value for money produits par le contrôleur et auditeur général », expliquent Guigue et Leroy.

Efficace

Ce système a garanti une utilisation efficace et transparente des fonds publics, facilitant des engagements financiers ambitieux. Cette rigueur budgétaire a été particulièrement cruciale durant les années d’austérité post-2008, lorsque le Royaume-Uni a pris des mesures strictes pour réduire les déficits publics tout en protégeant les investissements stratégiques, notamment en santé publique.

Le spending review, une évaluation triennale des dépenses publiques par le Trésor britannique, a joué un rôle central dans cette stratégie. « Les spending reviews ont eu pour effet d’augmenter fortement le financement des priorités fixées par le gouvernement dans le cadre de réformes d’envergure », notent Guigue et Leroy. Grâce à ces mesures, le Royaume-Uni a pu consacrer des sommes importantes à des initiatives internationales comme Gavi, prouvant que rigueur budgétaire et engagement envers la santé mondiale peuvent aller de pair.

Le spending review de 2015, intitulé « Un pays qui ne vit pas au-dessus de ses moyens » (A country that lives within its means), reflète cette philosophie. David Cameron reste attaché à allouer les ressources nécessaires à des initiatives telles que Gavi ou les Jeux Olympiques de Londres de 2012. « Je me souviens qu'en 2012, peut-être mon moment préféré en tant que Premier ministre était d'accueillir les Jeux Olympiques à Londres, et je suis sûr que ceux de Paris seront tout aussi spectaculaires », a-t-il ajouté, en lançant un défi à Emmanuel Macron pour les prochains Jeux de Paris. Ainsi, David Cameron, par son humour et sa rigueur, a su montrer qu'il reste une figure influente et engagée sur la scène internationale, surtout en matière de santé publique et de gestion budgétaire.

Retour au blog

Laisser un commentaire