Liban : une visite à Paris afin d’éviter toute nouvelle crise

Liban : une visite à Paris afin d’éviter toute nouvelle crise

Ce vendredi midi, afın d’aborder la question du Hezbollah, Emmanuel Macron recevait à Paris Najib Mikati. Issu du monde des affaires, le Premier ministre libanais a connu une carrière politique rythmée par des évènements anxiogènes.

Oscar Tessonneau

Business

Ce vendredi midi, le premier ministre libanais Najib Mikati était invité à l’Élysée. A cette occasion, Emmanuel Macron a rappelé « l’engagement de la France à faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir la montée des violences entre le Liban et Israël ». Mais d’où vient cette violence. Le politologue Daniel Maier écrit dans son livre, Le Liban : du mythe phénicien aux périls contemporains, que ces crises politiques seraient liées à la mise en place d’un système économique où quelques oligarques ont les pleins-pouvoirs.

Actuellement à la tête d’un gouvernement démissionnaire aux pouvoirs réduits, Najib Mikati est l’un des hommes les plus riches du pays du Cèdre. « Le magazine Forbes précisait qu’il y avait six milliardaires au Liban en 2021 – dont trois dans la famille Hariri et deux dans la famille Mikati, l’actuel Premier ministre et son frère. » Cette richesse, Mikati l’a construite dans les télécommunications. « C’est en 1994 que le Liban est entré dans l’ère « moderne » de la téléphonie mobile avec l’installation de deux réseaux GSM. La gestion du premier fut confiée à l’entreprise Cellis. L’opérateur français France Telecom détient 66 % de l’entreprise tandis que la société Investcom, anciennement dirigée par le Premier ministre Najib Mikati, possède 34 % des parts restantes. »

Un homme d’affaires au pouvoir

C’est sur la scène politique que Najib Mikati s’est surtout illustré ces quinze dernières années, notamment lorsqu’il a dû traiter la crise des réfugiés syriens. « La continuation du conflit syrien provoqua au Liban un quasi-blocage du système politique, devenant incapable ni d’élire un nouveau parlement ni même un nouveau Président après la fin du mandat de ce dernier à l’automne 2014.» écrit Maier. Il précise également que face à la crise, le Premier ministre libanais a adopté une approche ambivalente vis-à-vis des réfugiés syriens, oscillant entre le déni et l'urgence humanitaire, une politique qui reflète les tensions internes et les préoccupations sécuritaires. « À l’époque du gouvernement Mikati, les craintes de la formation d’une cinquième colonne étaient alimentées par un soutien politique tacite à Damas. »

Ainsi, cette période où Mikati entretenait des relations assez opaques avec le régime de Bachar-Al Assad a vu le gouvernement libanais opter pour une politique de non-campement des migrants syriens, évitant ainsi la création de zones potentiellement utilisées par l'opposition armée dans le conflit syrien.

« La politique adoptée à l’égard des réfugiés syriens a donc connu deux temps : celui du déni et celui de l’urgence humanitaire teintée de repli identitaire. »

Dans son dernier essai sur le Liban, Daniel Maier écrit que les relations ambigües entre Najib Mikati et Bachar Al Assad ont nécessité une gestion de crise complexe. « Sous la pression des flux migratoires croississants, la crise a connu une internationalisation avec la prise en main de la crise par le Haut-Commissariat pour les réfugiés. » Cette précision, apportée par Maier, illustre les dilemmes auxquels fut confronté Mikati et son gouvernement. « La politique adoptée à l’égard des réfugiés syriens a donc connu deux temps : celui du déni et celui de l’urgence humanitaire teintée de repli identitaire. » Ainsi, Maier écrit que Najib Mikati est confronté à de réels dilemmes, influencés par les traumatismes antérieurs, notamment la crise des réfugiés palestiniens. Comme l’écrit Maier, ces choix politiques ne sont pas approuvés par le peuple libanais. « Cette stagnation », écrit Maier, « s'est manifestée de manière flagrante lors de la crise des déchets de 2015, qui a déclenché le mouvement social 'vous puez' ». Plus qu'une calamité écologique, cette crise affrontée par le gouvernement Mikati est devenue selon Maier un symbole puissant de la corruption rongeant l’économie libanaise.Il écrit que les conséquences de cette gestion défaillante furent immédiates : contamination des sols, de la nappe phréatique, et augmentation des maladies respiratoires. « L’enjeu de la gestion des déchets apparaît comme une source de dividendes et un marché de corruption », explique Meier, dévoilant une facette sombre de la politique libanaise où les enjeux de santé publique sont compromis au profit des intérêts personnels et politiques.

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