Iran: Les Mollahs mis en échec par le peuple

Iran: Les Mollahs mis en échec par le peuple

Les Iraniens doivent votaient ce vendredi pour le Parlement, mais aussi pour l’Assemblée des experts qui nommeront le guide suprême qui remplacera Ali Khamenei, 84 ans.  Les appels au boycott ont fortement impacté le scrutin.

Oscar Tessonneau

Suspens

Dans le tumulte politique de la République islamique d'Iran, les prochaines élections législatives et pour l'Assemblée des experts captivent l'attention de nombreux Iraniens. Dans un article publié vendredi matin, le journaliste de Libération, Luc Mathieu, estimait qu'ils seraient environ 61 millions d'électeurs. Pourtant, la question qui brûlait les lèvres n'était pas tant celle de qui serait élu, mais plutôt de combien de ces électeurs se déplaceraient jusqu'aux 59 000 bureaux de vote disséminés à travers le pays. Les résultats sont sans appel : le peuple a boudé les urnes.

Luc Mathieu écrivait vendredi qu'une abstention massive était attendue. Aujourd'hui, on estime que cette abstention a oscillé entre 30 et 40 % à l'échelle nationale, et a plongé sous la barre des 20 % dans la capitale, Téhéran.

" A Teheran, l'abstention plongera sous la barre des 20%. Le seuil des 40% sera franchi en province" 

Ce désenchantement a été longuement analysé par Thierry Coville, politologue et spécialiste de l'Iran. Il le décrit minutieusement dans son livre "L'Iran, une puissance en mouvement". « Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a beau exhorter ses concitoyens à une participation "forte et fervente" », indique le journaliste, « le désenchantement semble avoir pris racine. » En 2022, il écrivait : "La prise de contrôle du système politique par le camp de Khamenei, notamment à travers le Conseil des gardiens de la Constitution qui a disqualifié plus de 30 000 candidats, reflète une stratégie calculée pour maintenir le statu quo."

En 2022, Coville écrivait : « La prise de contrôle du système politique par le camp de Khamenei, notamment via le Conseil des gardiens de la Constitution qui a disqualifié plus de 30 000 candidats, reflète une stratégie calculée pour maintenir le statu quo. » Il ajoutait que, bien que le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, exhorte ses concitoyens à une participation « forte et fervente », le désenchantement semble néanmoins s'être enraciné.

« Pression maximale »

Selon Thierry Coville, cette manœuvre s'inscrit dans un contexte plus large, marqué par la politique de "pression maximale" initiée par l'administration américaine, qui a significativement affaibli le camp modéré. « La sortie des États-Unis de l'accord sur le nucléaire en 2018 », souligne le politologue, « a porté un coup dur aux espoirs d'ouverture économique et de renforcement du secteur privé, envisagés comme des leviers pour une éventuelle évolution démocratique du système politique iranien. » Ainsi, la chute de popularité de Hassan Rohani et de son administration, promise à une relance économique par la levée des sanctions, illustre, selon Coville, l'échec des modérés à répondre aux aspirations de la population. « Face aux difficultés économiques croissantes et à l'absence de réformes significatives, les Iraniens expriment leur mécontentement par une abstention record, symbolisant ainsi leur rejet des deux camps politiques dominants. »

Trouver un sucesseur

Thierry Coville écrit que le renouvellement de l'Assemblée des experts, avec la probable sélection de nouveaux membres chargés de choisir le successeur de Khamenei, âgé de 84 ans, soulève également des questions quant à l'avenir de la ligne politique du pays. « Ses éventuels successeurs », souligne le politologue, « nommés pour huit ans, hériteront d'un pays marqué par des divisions profondes et une population désabusée. »

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