Emmanuel Macron hésite entre solidarité et prudence stratégique

Emmanuel Macron hésite entre solidarité et prudence stratégique

Hier soir, lors d’une conférence de presse à L’Élysée, le chef de L'Etat s'est montré assez favorable à l'envoi de troupes en Ukraine. Un choix contesté il y a quelques heures par les autres pays de l’OTAN et les parlementaires français.

Oscar Tessonneau

"Nous avons la conviction en effet que la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et la stabilité en Europe »

Au cœur de l’Élysée, après un long dîner pendant lequel les journalistes échangeaient sur les possibles annonces du chef de l’État, Emmanuel Macron a laissé entrevoir lors de sa conférence de presse la création d’un front occidental uni avec les Ukrainiens. "Nous avons la conviction en effet que la défaite de la Russie est indispensable à la sécurité et à la stabilité en Europe," a déclaré avec fermeté le chef de l’État lors de ses échanges avec la presse. Les échanges du président avec les chefs d’État ont été marqués par plusieurs moments importants. "La première partie de notre discussion portait sur nos consensus sur les financements," a souligné Macron. Puis, le président a exposé l’objectif des chefs d’État présents à Paris : soutenir l'Ukraine face à l'agression russe. "Nous sommes résolus en effet à faire ce qui est nécessaire aussi longtemps que nécessaire, et c'est pour moi le point essentiel de ce soir. La première partie de notre discussion a porté sur le fait de faire plus, et il y avait un consensus pour faire ensemble encore davantage et plus vite, avec d'abord un point sur les financements," a souligné Macron.

En effet, plusieurs pays ont déjà signé des accords bilatéraux pour soutenir Kiev, marquant une solidarité qui se traduit par des chiffres : "6 sur 32 États se sont engagés et ont signé des accords bilatéraux". Ces accords sont coordonnés par les organisations internationales (OI). Les Organisations Internationales (OI) représentent la forme la plus répandue du multilatéralisme, permettant la coordination des politiques étrangères nationales.

Qu’est-ce que le multilatérialisme ?

En Sciences Politiques, cette doctrine se définit comme une forme d'action collective internationale dont la finalité est de produire "des normes et des règles visant à établir un ordre international coopératif régissant les interdépendances internationales."  Mais ces OI restent une facette de la souveraineté des États qui les financent et les dirigent appliquée collectivement, même si leur action entre parfois en conflit avec leur souveraineté propre. Elles sont des organisations publiques dites intergouvernementales, émanant et contrôlées par des États, comme le souligne Flore Gallois dans son livre "100 concepts de géopolitique".

"Ces OI sont créées par traités ou conventions multilatérales constitutives (charte, constitution, statuts…) soumis à une procédure de ratification," précise-t-elle. Elle ajoute que "chaque État contribue aux choix des organisations," et insiste sur le fait que "les OI sont considérées comme le reflet des rapports entre États où les plus puissants s’imposent." Ainsi, chaque pays de l'OTAN représenté hier soir à Paris possède des droits de veto qu'ils ont présentés cet après-midi pour s'opposer au choix du président Macron, plutôt favorable à l'envoi de troupes en Ukraine.

Un manque de consensus européen

Cependant, la solidarité européenne trouve ses limites dans la réalité du terrain. Comme le révélaient il y a quelques heures les journalistes du Monde, les discussions autour de l'envoi de troupes occidentales en Ukraine se sont heurtées à un mur de prudence et de réticences. Des capitales clés, parmi les pays de l'OTAN, comme Berlin, Londres et Madrid, ont rapidement écarté l'idée, mettant en avant la nécessité de ne pas franchir un "seuil de belligérance" qui pourrait entraîner toute l'Europe dans un conflit direct avec la Russie.

Néanmoins, il est important de souligner qu’Emmanuel Macron n'a pas abordé directement la question de l'envoi de troupes dans ses propos rapportés, mais a souligné l'importance de la solidarité et du soutien financier et matériel à l'Ukraine. Dans ce contexte tendu, où la solidarité européenne est mise à l'épreuve par les réalités géopolitiques, une question demeure : jusqu'où l'Europe peut-elle et veut-elle aller pour soutenir l'Ukraine sans franchir le seuil qui la mènerait à un affrontement direct avec la Russie ? La réponse à cette question façonnera l'avenir de l'Europe, de l'Ukraine et, possiblement, de l'ordre mondial tel que nous le connaissons.

De nouveaux États font entendre leur voix.

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Hier soir, dans une tribune publiée dans Le Monde, la première ministre estonienne Kaja Kallas a plaidé en faveur d'un projet d'envergure : l'émission d'une dette commune pour financer les actions militaires de soutien à l'Ukraine. Sur le plan économique, la France représente une part du PIB mondial de 0,04 %, avec un PIB par habitant de 27 962,28 dollars et un PIB par habitant en parité de pouvoir d'achat (PPA) de 42 825,52 dollars. Le président Macron a souligné cette démarche en déclarant : "Il y a plusieurs pistes sur la table. La France soutient l’idée d'émissions communes de dette pour financer nos initiatives militaires de soutien à l'Ukraine et donner de la visibilité à nos industriels." Ainsi, il apparaît indispensable pour les dirigeants européens de trouver un équilibre délicat entre solidarité et réalisme politique afin de répondre efficacement aux défis présents tout en préservant la paix et la stabilité régionales.

 

 

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