ZFE : Les Suédois se montrent plus rigoureux que les cadres de La FNSEA

ZFE : Les Suédois se montrent plus rigoureux que les cadres de La FNSEA

Grâce à une opération de lobbying couteuse, le groupe avril a pu mettre sur le marché des biocarburants émis dans des zones à faible émission (ZFE). La société gagne encore des marges en niant les bonnes pratiques climatiques des pays scandinaves.

Oscar Tessonneau

« Malgré la réduction de certaines émissions, l'impact du B100 sur les NOx, et donc sur la qualité de l'air urbain, nécessite une analyse plus poussée, notamment dans les Zones à Faibles Émissions (ZFE)"

Le jeudi 29 février, Amélie Poinsot, journaliste à Mediapart spécialisée dans les questions agricoles, a révélé l'investissement massif du groupe Avril dans le B100, un biocarburant dérivé de l'huile de colza. Sous la présidence d'Arnaud Rousseau, également à la tête de la FNSEA, un syndicat agricole orienté vers le productivisme, le groupe aurait bénéficié, d'après Mediapart, de réglementations sur mesure et d'avantages fiscaux conséquents. Ces facilités auraient été accordées suite au classement du B100 sous la vignette Crit’Air 1, permettant ainsi aux véhicules l'utilisant de circuler aisément dans les zones à faibles émissions.  La satisfaction d'Arnaud Rousseau, exprimée le jour de l'annonce présidentielle concernant l'obtention de la vignette Crit’Air 1 pour le B100, met en lumière la complexité des liens entre les politiques environnementales et les intérêts industriels. **"Obtenir la vignette Crit'Air 1 pour le B100 marque un progrès notable pour le secteur des huiles et protéines végétales en France," a souligné le président de la FNSEA, passant sous silence les risques environnementaux associés à cette décision dans les zones à faibles émissions.

Les Scandinaves en exemple

La Suède, précurseur dans l'établissement des Zones à Faibles Émissions (ZFE) et dans l'adoption de critères semblables aux vignettes Crit'Air, se présente comme un modèle d'inspiration en matière de mobilité durable. La législation suédoise, depuis 1992, permet la création de ZFE, avec Stockholm, Malmö et Göteborg parmi les premières à instaurer ces mesures dès 1996, ciblant surtout les véhicules de plus de 3,5 tonnes, principaux contributeurs à la pollution atmosphérique urbaine. Dix ans après la mise en place des ZFE à Stockholm, les résultats sont concluants. "Une étude réalisée en 2007 a montré que dans les zones où des biocarburants ont été interdits, les émissions de NOx ont été réduites de 3 à 4 %, alors que les hydrocarbures et les particules fines ont connu une baisse de 16 à 21 % et de 13 à 19 % respectivement," observent Sobra et Guerassimof. S'appuyant sur les analyses de l'ADEME concernant les ZFE en Europe, les deux scientifiques précisent dans leur ouvrage : "Malgré les variations dues aux méthodologies et aux contextes locaux, deux grandes tendances se démarquent dans les ZFE où le B100 est prohibé : un effet modéré sur les NOx et le NO2, et une réduction significative des particules fines et du black carbon." Leurs constats soulignent ainsi les défis et les opportunités des ZFE pour améliorer la qualité de l'air, tout en pointant l'erreur stratégique de la FNSEA, qui a milité pour l'autorisation des émissions de B100 dans ces zones.

La sobriété « made in scandinavia"

Selon Sobra et Guerassimof, le modèle suédois, caractérisé par l'interdiction des émissions de biocarburant B100 dans les ZFE, illustre l'importance de l'innovation et de l'adaptabilité dans les politiques de mobilité durable. Parallèlement aux ZFE, la Suèdea lancé un Plan Vélo ambitieux visant à augmenter significativement la part des déplacements non polluants d'ici 2024.  Un fonds national doté de 350 millions d'euros a été mis en place pour développer les infrastructures cyclables et renforcer la sécurité des cyclistes. "Incorporer le vélo dans la politique fiscale et combattre le vol de vélos constituent des mesures clés pour encourager l'utilisation du vélo," soulignent Sobra et Guerassimof, mettant en avant les efforts déployés par la Suède pour promouvoir une alternative durable à l'automobile.  Dans leur livre, les deux auteurs concluent : "L'expérience suédoise, alliant des ZFE exemptes de tout biocarburant similaire au B100 et la promotion du vélo, offre des enseignements précieux pour les autres nations désireuses de concilier mobilité durable et enjeux énergétiques." L'approche suédoise, qui prend en compte les impératifs climatiques, s'avère donc être plus innovante et responsable que celle d'Arnaud Rousseau, qui finance des lobbyistes pour maintenir les émissions de B100 dans les ZFE.

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