Ce matin, lors du forum mondial de l’innovation et de la souveraineté vaccinales à Paris, Emmanuel Macron a tenu un discours passionné sur la lutte contre le choléra, soulignant l'importance de la vaccination et des infrastructures d'assainissement pour combattre cette maladie.
Oscar Tessonneau
Progrès
« À mesure que les pays améliorent leurs infrastructures d'eau et d'assainissement, nous estimons que la vaccination est également un outil important et efficace dans la lutte contre le choléra », a déclaré le président français. Il a insisté sur la nécessité d'augmenter la production et la distribution des vaccins anticholériques oraux (VCO) pour répondre à la demande croissante des habitants de pays où le nombre de cas asymptomatiques se multiplie.
Pour mettre en œuvre cette stratégie, le président demande la mise en place de mesures multisectorielles telles que l'amélioration de la qualité de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène (WASH), et l'engagement effectif des communautés autour des projets menés par Gavi, l'Alliance du Vaccin. « Nous saluons l'impact du travail de Gavi au cours de la dernière décennie, notamment en façonnant le marché et en apportant un soutien programmatique et financier à l'expansion de l'offre et au déploiement de l'utilisation préventive des vaccins contre le choléra », a-t-il déclaré.
En effet, Emmanuel Macron a indiqué que depuis 2013, les efforts de Gavi ont permis de multiplier par 18 l'approvisionnement et de stimuler une augmentation de la production de 30 % en 2024 et bien plus encore en 2025 pour les vaccins contre le choléra, que le président souhaite financer grâce aux accélérateurs de la Production des Vaccins en Afrique (AVMA). « L'Afrique ne produit que 2 % des vaccins qu'elle utilise et l'objectif que nous nous sommes donné, c'est de pouvoir produire d'ici à 2040 60 % de ces vaccins », a-t-il déclaré, mettant en avant les efforts de la France et de l'Europe pour accompagner cette initiative.
Des vaccins africains
Le président français a indiqué que la France et l'Europe accompagnent ces ambitions depuis 2021 à hauteur de 1,3 milliard d'euros. « Il faut l'accélérer », a déclaré Macron, en soulignant que la France a choisi de réallouer 100 millions de dollars vers ce mécanisme. Ces fonds supplémentaires permettront aux pays européens de continuer à financer des dispositifs soutenus par la France et l’Allemagne, représentée par Olaf Scholz, qui a pris la parole en visioconférence.
Ce matin, Emmanuel Macron affirmait que les trois quarts des financements de 1,2 milliard de dollars proviennent des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, de la Norvège, du Japon et de la Fondation Gates. « C'est un mouvement global, mais sa force, c'est qu'il est pensé, conçu, voulu par les Africains », a-t-il précisé, tout en annonçant le lancement d’une campagne de mobilisation de ressources de qualité pour 2026-2030. « C'est un engagement historique de la France », a-t-il affirmé.
En effet, la France maintiendra son soutien à Gavi pour le cycle 2026-2030 au moins à la hauteur de son engagement précédent. « Pour cela, il nous faudra continuer de raffermir notre cadre d'action collectif, celui de Gavi, mais aussi de toutes les autres initiatives de santé mondiale », a-t-il conclu, soulignant le rôle essentiel de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et la nécessité de renforcer la coopération entre les agences internationales de santé.
Une France forte
Emmanuel Macron a indiqué que pour que ces initiatives fonctionnent, les États devront respecter le pacte de Paris pour les peuples de la planète, lancé en juillet dernier. « Permettre de mobiliser plus de financements pour les stratégies nationales de santé est essentiel », a-t-il déclaré, en précisant que ce travail international repose sur des stratégies nationales fortes.
Ces déclarations lui ont permis de rappeler son opposition au projet du Rassemblement National. Pour rappel, Jordan Bardella a annoncé mardi dans Le Parisien que pour réduire la TVA de 5%, il prévoit de réduire la contribution de la France aux projets internationaux et au budget européen de 2 milliards d’euros. Cependant, des personnalités comme Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l’Europe, estiment que ces choix du RN conduiraient à un véritable Frexit, qui affaiblirait cette France forte à laquelle est attaché le président de la république. « La stimulation est efficace que s'il y a une stratégie nationale forte, un système de santé primaire qui est consolidé », ajoutait ce matin le président, qui a également présenté une stratégie de lutte contre le choléra.
Cette stratégie sera déployée en Afrique par l’industriel Biovac. « En première démonstration concrète de soutien, la France consacrera 10 millions d'euros pour accélérer la production de ce vaccin contre le choléra en Afrique du Sud », a-t-il précisé. Enfin, Macron a terminé son discours en exprimant sa fierté et sa joie que la France, en accueillant ce forum et en continuant de s'engager aux côtés de ses partenaires, puisse porter ce message d'espoir et d'action. « Merci à toutes et tous. Merci, monsieur le président, merci pour ces bonnes », a-t-il conclu.