Le HLM, un bien public amené à disparaître

Le HLM, un bien public amené à disparaître

Vendredi dernier, lors du compte-rendu du conseil des ministres, le ministre Guillaume Kasbarian a présenté son prochain projet de loi sur le logement. En facilitant la création de logements intermédiaires, le ministre souhaite inciter les Français à quitter les HLM, des lieux ayant une forte connotation sociale dans notre imaginaire collectif.

Oscar Tessonneau

"C’est la devise de la République. […] Il faut retourner le truc et mettre Fraternité devant, maintenant. Fraternité, c’est-à-dire solidarité."

"Cette proposition de loi, comme à l'Assemblée nationale, a fait l'objet d'un large consensus. Je l'aborde dans un esprit d'ouverture et de co-construction. Tout ce qui permettra aux sénateurs et aux députés de renforcer le choc d'offres trouvera bien sa place dans ce projet de loi." En tenant ces propos, Guillaume Kasbarian a montré en quoi cette loi soutenait les jeunes et les classes moyennes : "La moitié des occupants aujourd'hui du logement intermédiaire sont des jeunes de moins de 30 ans. C'est un produit qui permet à de jeunes d'accéder plus facilement à un logement qui est moins cher que le prix de marché."

Néanmoins,, tel qu’il fut présenté par le ministre, ce choc d’offres est un changement culturel majeur. Il montre dans quelle mesure le logement tend à devenir un bien marchand, que les Français louent ou achètent avec un salaire. Ce changement culturel met un terme à un modèle de société, dans lequel une personne rencontrant des difficultés financières pouvait facilement avoir accès à un HLM. Dans son livre La République Des HLM, François Rochon rapporte des témoignages qui illustrent comment le logement social est perçu non seulement comme un bien matériel mais aussi comme un élément central de la politique républicaine française. "Le modèle HLM est vraiment un modèle républicain au bénéfice de toute la population. Cette vision est amplifiée par les constats plus politiques que Rochon fait dans son ouvrage : "C’est la devise de la République. […] Il faut retourner le truc et mettre Fraternité devant, maintenant. Fraternité, c’est-à-dire solidarité."

Etat-Providence

François Rochon, précise qu’à l’origine, les HLM sont liés à une vision bien définie de la politique : « la république sociale est une idéologie politique énonçant que la solidarité passive [...] doit devenir active non pas seulement dans le but de satisfaire la justice ou encore de renforcer la cohésion sociale, mais aussi dans le dessein d’atteindre [...] une plus grande égalité de tous les membres de la collectivité." Ces idées soulignent l'ambition d’utiliser les HLM pour transformer la solidarité passive en une action concrète qui favorise non seulement l'équité mais aussi une intégration sociale plus profonde, dans des quartiers HLM l’on va mettre un ensemble d’outils au service des plus pauvres, comme des écoles, ou des maisons de quartier dans lesquelles une famille précaire aura accès au savoir et à la culture.

"Nous voulons donner aux élus locaux les moyens de réguler le marché locatif touristique, qui concurrence parfois le marché locatif traditionnel."

Lors de plusieurs déclarations, le ministre du logement Guillaume Kasbarian a présenté ce projet de loi comme une initiative visant à mieux réguler le marché locatif, pour permettre aux français vivant dans des HLM de les quitter progressivement "Nous voulons donner aux élus locaux les moyens de réguler le marché locatif touristique, qui concurrence parfois le marché locatif traditionnel," a expliqué Kasbarian. Il a également évoqué le soutien du gouvernement à la proposition de loi portée par le socialiste Inaki Echaniz, laquelle a été conçue pour augmenter les abattements fiscaux des locations touristiques, afin que les maires de nos communes fassent construire plus de logements intermédiaires, qu'occuperont les familles vivant actuellement dans un HLM. Néanmoins, ces logements intermédiaires présentés par le ministre, fixés à des prix parfois jusqu’à 20% inférieurs à ceux du marché, n’appartiennent plus au patrimoine commun : " Le HLM, c’est quand même un bien public, un prisme purement idéologique j’en conviens, enfin personnel," rappelle François Rochon.

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