La PAC, ennemie numéro 1 des agriculteurs productivistes

La PAC, ennemie numéro 1 des agriculteurs productivistes

Piliers de l'économie rurale, les agriculteurs seront pris lors de la prochaine mandature européenne entre le marteau des restrictions environnementales, 􀆝ıxées par la PAC rénovée et les initiatives du Pacte vert.

Oscar Tessonneau

Croissance verte

Depuis la mise en place de la première PAC en 1992, L’Europe a vu ses règlements évoluer vers des pratiques restrictives. Dans son livre enquête "Sa Majesté le Maïs : La plante que nous adorons détester mais qui sauve pourtant le monde", la géographe Sylvie Brunel écrit que La PAC, dont l'objectif initial était de garantir une alimentation abondante et bon marché aux Européens, se voit maintenant chargée de concilier production agricole et protection de l'environnement. Ces choix écologiques se traduisent par des restrictions sévères sur l'utilisation des pesticides et des fertilisants, massivement utilisés dans les exploitations céréalières alimentées par de grandes quantités d’eau, mais aussi par une augmentation des zones réservées à la biodiversité. : " Sans eau, sans OGM, sans gaz, sans phytos, sans azote, l’agriculture n’est plus possible : les miracles ont des limites ». De plus, Brunel précise que La PAC 2023-2027 introduit des mécanismes qui imposent des normes environnementales encore plus strictes, tout en offrant des aides financières conditionnées à des pratiques durables.  « Les agriculteurs doivent désormais jongler entre les exigences de la PAC et les réalités du terrain, souvent incompatibles avec les directives écrites à Bruxelles » , explique Brunel. Cette politique, bien qu'elle prétende encourager une agriculture durable, peut parfois se heurter à des impasses logistiques et économiques, surtout dans des régions comme la Camargue, le maïs prend le relais du riz.

Technophobe

Dans ce contexte de tensions entre les impératifs de production et les exigences écologiques, Sylvie Brunel pointe du doigt un autre aspect souvent négligé : la survie économique des agriculteurs européens face à une concurrence internationale féroce. En effet, les groupes de centre-droit, majoritaires au Parlement Européen, ont signés un ensemble d’accords avec des états où les denrées sont produites avec énormément d’OGM : « Alors que les producteurs locaux luttent pour se conformer à des normes toujours plus rigoureuses, le marché européen est inondé de produits agricoles importés, souvent cultivés dans des conditions bien moins restrictives » , explique-t-elle. Les restrictions sur les pesticides et l'interdiction des OGM en Europe contrastent avec des politiques plus libérales ailleurs, ce qui rend les agriculteurs européens moins compétitifs sur le marché mondial. « Si l'Europe continue à restreindre les technologies agricoles modernes, tout en ouvrant ses marchés à des produits importés qui ne suivent pas les mêmes règles strictes, elle risque de perdre sa souveraineté agricole», conclut la géographe.

« Les Zones de Non-Traitement (ZNT) et la loi Zéro Arti?ıcialisation nette, qui limitent l'utilisation des terres pour protéger les écosystèmes, ne tiennent pas compte des spéci?ıcités locales et des besoins réels des agriculteurs »

Dans son enquête, Sa Majesté le Maïs : La plante que nous adorons détester mais qui sauve pourtant le monde, Brunel met en lumière une dissonance politique qui pourrait nécessiter des ajustements pour garantir un équilibre entre durabilité, productivité, et compétitivité : « La dernière PAC conditionne un nombre croissant de ses financements au respect de normes environnementales, ce qui, combiné à des exigences de plus en plus coercitives, laisse craindre pour l'avenir de l'agriculture européenne. » Elle met ainsi en lumière le fossé grandissant entre les objectifs environnementaux et les réalités du terrain agricole, où les politiques semblent parfois plus théoriques que pratiques. En effet, la mise en application de la PAC rénovée et les initiatives du Pacte vert se traduisent par des restrictions sévères sur l'utilisation des pesticides et des fertilisants, mais aussi par une augmentation des zones réservées à la biodiversité. Brunel critique cette approche, arguant que « les producteurs français se sentent particulièrement visés par des dispositifs si contraignants qu’on peut légitimement se demander si l'Union européenne souhaite vraiment rester une puissance agricole. » Cette politique, bien qu'elle prétende encourager une agriculture durable, peut parfois se heurter à des impasses logistiques et économiques, surtout dans des régions comme la Camargue, le maïs prend le relais du riz. « Les Zones de Non Traitement (ZNT) et la loi Zéro Artificialisation nette, qui limitent l'utilisation des terres pour protéger les écosystèmes, ne tiennent pas compte des spécificités locales et des besoins réels des agriculteurs », déplore-t-elle. « La dernière PAC conditionne un nombre croissant de ses financements au respect de normes environnementales, ce qui, combiné à des exigences de plus en plus coercitives, laisse craindre pour l'avenir de l'agriculture européenne. »

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