Eau secours !

Eau secours !

Ce matin, à l'Assemblée nationale, le groupe écologiste inaugurait sa niche parlementaire. L'un des principaux textes qu'ils défendront porte sur une substance cancérigène présente dans l'eau de nos robinets : les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS).

Oscar Tessonneau

Visionnaires !

On peut leur reprocher beaucoup de choses : leur tendance à attirer un électorat urbain, ou amateur de graines et autres produits vegan que le Français moyen n'aimerait pas voir dans son assiette. Néanmoins, les écologistes restent irréprochables dans leur combat pour une amélioration de la qualité de l'eau. Pour introduire leur niche parlementaire, Nicolas Thierry, un député vert à l'avant-garde du combat environnemental, lançait ce matin un cri d'alarme dans les colonnes du Parisien : "Nous avons un quart de siècle de retard par rapport aux États-Unis, où des avocats ont fait condamner de grandes entreprises à coups de chèques de milliards d'euros," confie-t-il, évoquant la bataille contre les PFAS.

Très nocifs, ces polluants se développent à partir d'une molécule synthétique, entièrement fluorée, que l'on trouve dans une multitude d'industries, des textiles aux équipements électroniques, comme c'est le cas pour les entreprises Tefal à Rumilly. Très résistant à la chaleur et à l'acidité, ce composé se glisse insidieusement dans notre environnement, de l'eau potable à l'air. "La persistance du PFAS est sans pareille ; il résiste aux processus de dégradation environnementale avec une inertie chimique et une stabilité thermique qui défient l'entendement," soulignent Maulin P. Shah et Susana Rodriguez-Couto dans un essai consacré à la qualité de l'eau, "Wastewater Treatment Reactors: Microbial Community Structure".

Science sans conscience n'est que ruine de l'âme

En dépit des avancées technologiques, comme les filtres au charbon actifs installés en décembre à Rumilly pour sécuriser l'eau potable, les méthodes de traitement des PFAS s'avèrent coûteuses et inefficaces. "Ce poudreux blanc, témoin silencieux de nos avancées industrielles, pèse lourdement sur la balance de notre écosystème," notent Shah et Rodriguez-Couto avec gravité. Ses propriétés, d'une résilience presque surnaturelle - une masse moléculaire de 414,07 g/mol, une solubilité dans l'eau à couper le souffle de 9,5×10³ mg/L à 25 °C - le rendent omniprésent dans notre environnement.

"Chaque fil, chaque fibre de notre confort moderne est imprégnée de l'histoire de ce composé, révélant un coût caché bien plus sinistre que son utilité apparente," déclarent les auteurs, inquiets de la qualité de nos eaux : "Dans les eaux de surface, des niveaux de PFAS oscillant entre 1,2 et 6 638,9 ng/L ont été détectés, et dans les cultures irriguées par ces eaux, jusqu'à 8 085 ng/g de PFAS ont été trouvés," rapportent les scientifiques, soulignant l'étendue de la contamination alimentaire. "Nos assiettes, un terrain de jeu pour ces polluants, abritent des résidus dans la viande, les boissons, les légumes et même les fruits de mer," ajoutent-ils, exacerbant l'urgence de la situation.

Des champignons pour soigner nos eaux

L'un des micro-organismes les plus efficaces dans le traitement de nos eaux polluées est un champignon. Plus couramment appelé Thiobacillus thioparus, ce champignon améliore la qualité des eaux. "Avec une efficacité de dégradation de 76,4 % pour le PFAS, ce champignon blanc prouve que même les contaminants les plus récalcitrants ne sont pas à l'abride la puissance de la nature," témoignent Shah et Rodriguez-Couto, dessinant ainsi les contours d'une révolution biologique dans le traitement des eaux usées. De plus, l'autre solution identifiée par les deux chercheurs pour améliorer la qualité des eaux est la biologie synthétique. Dans leur livre, Shah et Rodriguez-Couto expliquent que "la connaissance méticuleuse de la métagénomique des microorganismes dégradant le PFAS" pourrait catalyser une révolution dans le traitement biologique de ces contaminants dans les eaux. Ils imaginent des communautés microbiennes sur mesure, conçues pour braver la toxicité et la résilience du PFAS.

"C'est une réelle solution, puisque les approches culture-dépendantes et indépendantes s'avèrent insuffisantes," écrivent-ils, pointant du doigt les biais et l'absence de fiabilité qui obscurcissent la compréhension de la dynamique des populations et de la diversité microbienne. Cette critique ouvre la voie à des méthodes plus sophistiquées et nuancées, contre lesquelles de nombreux industriels devraient s'opposer, comme l'expliquait l'essayiste Cyril Dion dans son essai "Petit Manuel de Résistance Contemporaine". "Dans le secteur de la chimie lourde, l'excellent film de Todd Haynes, 'Dark Waters', a mis en lumière les manipulations de l'entreprise DuPont pour cacher les méfaits duPFAS (une substance de synthèse notamment présente dans le Téflon) pendant des décennies. Lors d'une ahurissante audition au Congrès des États-Unis, la députée Alexandria Ocasio-Cortez a, une nouvelle fois, mis en lumière le lobbying intense de la compagnie Exxon pour semer le doute sur la réalité du changement climatique."

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