Aquaculture: les députés cherchent une alternative durable pour les producteurs

Aquaculture: les députés cherchent une alternative durable pour les producteurs

Après la crise des agriculteurs, le gouvernement a décidé d’élaborer une nouvelle loi sur la souveraineté alimentaire. Toujours ultra favorable au libre-échange, le président de la FNSEA a critiqué cette nouvelle loi protectionniste, dans un contexte où nos exploitants aquacoles restent mal les normes environnementales.

Oscar Tessonneau

Des espèces marines tuées par un système

Présentée le lundi 25 mars par les journalistes du Monde, la prochaine loi française sur l’agriculture présente la souveraineté alimentaire comme la pierre angulaire des politiques publiques. Dans son article 1, ce texte de loi pointe l'importance cruciale de la pêche, de l'aquaculture et de l'alimentation des espèces marines. Cette mise en lumière législative pousse à une réévaluation des règles du libre-échange dans le secteur aquacole, fortement contestée par les deux principaux syndicats productivistes : la Confédération Paysanne et la FNSEA. Selon les journalistes du Monde, Arnaud Rousseau indiquait au sujet de ce texte : "Nous voulions plus de choses dans la loi » en précisant qu’elle n’est pas assez ambitieuse sur le volet compétitivité. « L’enjeu », précise-t-il, « est de conforter le modèle de l’agriculture productiviste que défend la FNSEA, en favorisant l’agrandissement des exploitations." Or, cela fait plusieurs années que les scientifiques nous alertent sur les dangers de l’aquaculture. Soumis à des mécanismes libre-échangistes ultraviolents, le commerce du poisson et le prix des denrées semblent constamment fluctuer. Dans son essai Piscicultures du monde : Aujourd’hui et demain, l’ex-directeur de l'unité de recherche Aquaculture du CIRAD, Jérôme Lazard, présente un marché où les prix changent constamment. "Les 5 principaux pays exportateurs dépensant plusieurs miliards d'euros dans la pêche tous les ans", écrit Lazard, "sont la Chine, la Norvège, le Viêtnam, la Thaïlande et les USA, tandis que les 5 principaux importateurs sont les USA, le Japon, la Chine, l’Espagne et la France ». 

L'agro-écologie: une solution durable

Jérome Lazard présente les avantages d’une exploitation totalement nourrie avec des ressources végétales. Il mentionne l'émergence de nouvelles sources de protéines, comme les farines de larves d'insectes, produites par bioconversion de déchets organiques. Cette innovation, actuellement développée en Indonésie avec la production de larves de la mouche "soldat noir", représente une voie prometteuse vers une aquaculture plus durable et respectueuse de l'environnement.

L’avenir est dans les RAS

Dans son essai Piscicultures du monde, Jérôme Lazard précise que les RAS (systèmes d'élevage aquacole en eau recirculée) sont une technologie permettant non seulement une intensification de la production mais aussi une réduction significative de la consommation d'eau et d'énergie grâce à la recirculation continue de l'eau d'élevage. Il écrit : "Un système en eau recirculée en eau douce utilise 50 L/kg de poisson produit contre des quantités bien plus importantes dans les systèmes conventionnels." Ainsi, Lazard souligne que cette innovation offre une solution pour protéger les espèces et "réduire la consommation d'eau douce, cruciale pour la thermorégulation des milieux d'élevage." De plus, Lazard note que dans un système RAS en eau douce, "50 L d'eau sont nécessaires pour produire 1 kg de poisson", tandis que pour un système similaire en eau de mer, cette consommation tombe à "16 L/kg de poisson". Ces chiffres sont à comparer aux systèmes aquacoles traditionnels, qui peuvent nécessiter entre "3000 à 45 000 L/kg de poisson". Enfin, Lazard croit également fermement dans les systèmes d'aquaponie, précisant qu'"une exploitation piscicole peut produire 7 kg de végétaux pour chaque kg de poisson élevé. Des espèces marines tuées par un système De plus, Lazard révèle de son essai qu’un système d’élevage, dans lequel les producteurs alimenteraient leurs exploitations avec ces nouvelles denrées, permettrait de protéger les poissons d’eau douce. Dans son essai Piscicultures du monde, il indique que ces poissons sont souvent vendus excessivement chères, "leur prix a augmenté de 2,2 fois entre 2000 et 2016, puisque, l'aquaculture a absorbé 70 % de la farine et de l'huile de poisson extraites des pêches minotières". Assez parlante, cette statistique explique comment la pêche industrielle dégrade les écosystèmes marins, et qu’il est indispensable pour La France de légiférer afin qu’elle protège ses fonds marins.

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