La nouvelle Stratégie Nationale pour l’Autisme, lancée en novembre 2023, prévoit la création de nombreuses UEMA. Ces Unités d’Enseignement Maternelle Autisme permettent l’inclusion des enfants autistes, en proposant un cadre adapté et des accompagnements. Un documentaire met en avant l’UEMA de Grigny, près de Lyon, dont l’objectif est de donner une chance aux élèves.
Sylvain Jauffry
« Un plaidoyer pour l’intégration"
Benjamin Laurent, le créateur du documentaire La Classe des coccinelles ( a voir sur cortex- media.fr) met l’accent sur l’idée de donner une chance aux élèves autistes. “Il faut faire avancer les choses, effacer les barrières” affirme-t-il. Sous l’oeil attentif de sa caméra se dévoile Liam, Zayim et Medine, trois visages de la différence qu’il souhaitait filmer pour diffuser un message d'espoir. “L’école est vectrice de sociabilisation”. L’UEMA de Grigny met en place des temps d’inclusion, quelques heures par semaine. Les élèves ont chacun une classe ordinaire de référence. Le but est de réussir à créer du lien, favoriser les échanges, améliorer les habiletés sociales. Benjamin Laurent voulait filmer ces partages, ces “moments communs”. Ainsi, l’oeuvre porte un regard bienveillant sur la différence. Les enfants issus des classes normales acceptent l’autre et ne jugent pas.
“Le premier rapport, c’est avec l’adulte"
“L’autisme est pour eux une nationalité” constate le documentariste. Une preuve que le jugement n’existe pas.”Ils n’ont pas ce regard jugeant” précise Fabienne Henry, qui ajoute que le mélange permet d’effacer les différences. Ces temps sont aussi utile pour sensibiliser, avec cette crainte que la perception change avec le temps.
“Le premier rapport, c’est avec l’adulte” raconte Odile, l’enseignante, qui accueille, guide, accompagne ces petits. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas. Elles sont rythmées par la mise en place de rituels et d’activités adaptées. Elle crée un climat de confiance, calme les crises, s’adapte aux besoins, réajuste en fonction des états de fatigue. Elle est aidée par des psychologues, psychomotriciens, etc, qui garantissent le bon suivi de l'enfant.
Chaque jour est organisé en prenant en compte les spécificités de chacun. “C’est ritualisé. Il y a un emploi du temps visuel, des activités et des temps de repos. C’est primordial pour eux que tout soit prévu” dit Odile, qui exerce en prenant l’enfant dans sa globalité, avec sa fatigabilité. L’enseignante propose un travail sur la communication, le regard, l’attention visuelle. “On travaille sur les stimulis sensoriels ou auditifs”, pour “sortir les enfants de leur bulle et qu’ils soient avec les autres”. Les contacts avec les enfants de classes ordinaires sont vitaux pour les compétences sociales. Odile observe que les autres ne sont pas “moqueurs”, qu’ils invitent à jouer. Le documentaire démontre que les enseignants sont des garants de la réussite. C’est eux qui donnent cette possibilité d’etre inclús dans le système scolaire.
La Stratégie Autisme prévoit la création de dispositifs supplémentaires. Nos témoins valident la mesure, tout en appelant à une démocratisation massive de ces unités. Fabienne Henry déplore ce manque structurel. “Il y a qu’une seule classe à Nice. L’offre ne comble pas la demande” . Odile dénonce “ un “manque de moyens humains”. Le gouvernement compte creer 101 postes de professeurs ressources TND, pour épauler.Toutefois, une dynamique s’installe, grace aux Stratégies et à la Loi Blanquer de 2019 qui s’inscrit dans ce concept d’école inclusive.
Un rapport de l’ARS Ile de France de 2021 dévoile de nets progrés réalisés dans plusieurs domaines , dont les relations aux autres (+ de 70%), et un taux de satisfaction parentale de 53%. Benjamin Laurent voit “un espoir de voir les enfants progresser, dire des mots, et évoluer vers du positif”. Fabienne Henry en voit certains aller vers des écoles ordinaires. En région parisienne, en 2021, 16% ont pu aller en CP ( avec ou sans aides) et 12% en élémentaire, dans des UEEA (pour des enfants ayant acquis les prérequis à la scolarité).