Autisme : le marché atténuera progressivement la détresse des familles

Autisme : le marché atténuera progressivement la détresse des familles

Perturbé par une manifestation des collectifs anti-validistes CléAutiste et Les Dévalideuses, le débat du Mercredi 3 Avril 2024 sur France TV intitulé "Autisme : la détresse des familles" a été marqué par des échanges riches sur des entreprises insérant des autistes dans un modèle capitaliste, défendu par des économistes comme Milton Friedman.

Oscar Tessonneau

"Il ne faut surtout pas être gentil."

"Je voudrais partager avec vous un extrait de reportage parce que c'est vrai qu'il y a 15 ans, trouver un emploi était impensable pour une personne autiste. Aujourd'hui, c'est possible." Il est environ vingt-deux heures. Face à la caméra, avec ses yeux clairs, Julian Bigier, présentateur du débat "Autisme, la détresse des familles", met en lumière la vision libérale de l'inclusion défendue par plusieurs patrons français ayant un enfant autiste. Mais qu’est-ce qu’une vision friedmanienne de l’économie ? L'adjectif est né grâce aux travaux de l'économiste américain Milton Friedman, lauréat du prix Nobel d'économie, qui était convaincu que la liberté individuelle permet de concilier diversité et cohésion sociale. Son plaidoyer pour un libéralisme tempéré, conscient des imperfections humaines et des dangers de l'autoritarisme, résonne parfaitement avec le discours de Jean-François Dufresne, président de l'association VETA (Vivre et Travailler Autrement), invité pour parler des salariés autistes ayant plusieurs années d'expérience dans son entreprise. "Il ne faut surtout pas leur dire 'Sois gentil, sois généreux ; la charité, ça ne marche pas'. Ce qu'il faut, c'est qu'ils comprennent qu'intégrer des personnes autistes dans leurs équipes va améliorer le fonctionnement de leur entreprise. Des études très sérieuses ont été menées sur ce sujet."

Un système imparfait

Rapidement mise en application, cette vision friedmanienne de l'insertion des autistes par le travail a fait quelques dégâts en Bretagne, dans une ferme où l'ancienne actrice de théâtre Emma Perey s'est retirée pour fuir un monde moderne qu'elle déteste, comme beaucoup d'autres autistes. "Jean-François Dufresne doit me recontacter depuis un an. J'étais persuadée qu'il valoriserait mon initiative sur le plateau télévisé de Julian Bigier.", nous indique l'agricultrice au téléphone, qui n'a pas encore concrétisé son projet professionnel avec des autistes, contrairement aux patrons d'Airbus ou de sociétés informatiques mis en valeur par Florent Chapel lors du débat sur France 2. "On le voit dans des cas extrêmes, chez Airbus, ils recrutent des personnes parce qu'elles ont un vrai talent pour l'informatique, la cybersécurité, ce sont les meilleurs. Mon fils, lui, classe et range comme nul autre. Ils ont tous quelque chose dans lequel ils excellent. J'ai publié une photo qui a reçu deux millions de vues parce qu'il souriait chez Café Joyeux, et parce que leur bonheur est communicatif." À travers ce discours du président de l'agence de communication Akkanto, on voit comment le marché permet non seulement une harmonisation des intérêts divergents, dans une société où l'uniformité n'est pas imposée par la force d'une majorité d'acteurs politiques, comme la députée Insoumise Clémence Guetté, organisant des débats très bourdieusiens sur l'antivalidisme, où l'on peut entendre comment les mauvais patrons maltraient les handicapés, tout en refusant toutes les demandes d'interviews proposées par des médias fondées par des personnes TND.

 Bannir les contraintes

"Le patron de la boulangerie où travaille mon fils m'a dit qu'il rêverait d'avoir d'autres apprentis comme lui." Ces propos, tenus par la présidente d'Autisme Sans Frontières 92, Anne Sophie Peyle, vont dans la continuité de ceux de Jean-François Dufresne et Florent Chapel. À plusieurs reprises, ces trois invités de Julian Bigier expliquent qu'il faut laisser une totale liberté aux entreprises de découvrir des profils autistiques qui les intéressent : des personnes autistes capables de ranger parfaitement des raquettes de tennis chez Décathlon, ou d’autres sachant distinguer les odeurs de dizaines de yaourts dans les ateliers Andros. Cette perspective met en lumière l'aspect démocratique du marché, où chaque transaction et chaque échange reflètent un acte individuel, à l'image de Jean-François Dufresne prenant le pari d'envoyer des personnes autistes travailler dans une usine Andros alors qu'aucun industriel ne l'avait fait auparavant. Grand défenseur des politiques de marché, le fondateur de VETA a expliqué il y a quelques mois aux journalistes d’Hospimedia qu'il était nécessaire d'« exploiter les compétences particulières des autistes » dans une économie capitaliste. "Le rôle du marché", expliquait Milton Friedman dans *Capitalisme et Démocratie*, "est de permettre l’unanimité sans uniformité [...]. En revanche, ce qui caractérise l’action politique, c’est qu’elle tend à exiger ou à imposer une large uniformité", soulignant l'importance de la liberté de choix et d'action dans un système économique bénéfique pour les personnes autistes, à un moment où l'ensemble des acteurs politiques et les collectivités réduisent les subventions pour les structures d'accueil (IME, Sessad…).

Libres !

Suit l’on suit la pensée de Milton Friedman, l'État est souvent perçu comme un obstacle à la liberté du marché, imposant des réglementations et des contrôles susceptibles de brider l'innovation et l'efficacité économique d'entreprises comme VETA, qui bénéficient d'un assouplissement progressif du code du travail pour proposer de nouveaux projets professionnels. C'est le cas, par exemple, des initiatives lancées par l'entreprise L'Oréal à Aulnay-sous-Bois cette semaine, par Jean-François Dufresne et la ministre Fadila Khattabi. En effet, en remettant en question l'efficacité des interventions étatiques, Friedman préconise plutôt des solutions favorisant la liberté de choix et une responsabilité individuelle. Ainsi, à l'instar de nombreux parents d'enfants autistes, Friedman appelle à un réexamen des rôles de l'État et du marché, plaidant pour une réduction de l'ingérence étatique dans de nombreux domaines de la vie économique et sociale, et pour une valorisation des produits créés par des personnes autistes sur le marché.

 

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