Paludisme : la communauté scientifique lutte toujours contre la maladie

Paludisme : la communauté scientifique lutte toujours contre la maladie

Jeudi matin, Emmanuel Macron s'est rendu à l’ouverture du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales. Depuis de nombreuses années, le paludisme, une maladie mortelle transmise par les moustiques, continue de poser un défi majeur à la santé publique mondiale.

Oscar Tessonneau

Plasmodium

En 2022, L'ONU estime à 249 millions le nombre de cas de paludisme et à 608 000 le nombre de décès dus au paludisme dans 85 pays. La complexité de cette maladie, qui reste la plus mortelle en Afrique, réside non seulement dans sa propagation rapide et ses symptômes sévères, mais aussi dans la diversité des espèces de Plasmodium responsables. « Potentiellement mortelle, la gravité du paludisme varie en fonction de l'espèce de Plasmodium », écrit la chirurgienne Francine Kyabu Kyamanga dans son ouvrage Le paludisme : Connaissances de base / Éco-épidémiologie / Recherche / Vaccins. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé les zones à risque de paludisme en quatre catégories (A, B, C, D). « Le type C est le plus courant et concerne les pays où le risque de paludisme à Plasmodium falciparum présente une résistance à la chloroquine. Le traitement se fait par atovaquone-proguanil, doxycycline ou méfloquine ; le type D présente un risque à Plasmodium falciparum et une résistance aux traitements préventifs », souligne Francine Kyabu Kyamanga. La communauté scientifique s’accorde sur le fait que Plasmodium falciparum, l'espèce la plus pathogène, est responsable de la majorité des cas mortels de paludisme en Afrique tropicale. Pour éradiquer cette forme de paludisme, des vaccins existent. L’antipaludique le plus répandu est le RTS,S/AS01, administré en quatre doses aux enfants à partir de cinq mois. L'engagement de la communauté internationale dans la lutte contre le paludisme sera réaffirmé demain. Emmanuel Macron s’est engagé à renforcer la coopération internationale pour améliorer l'accès aux vaccins. « Nous ne pouvons pas laisser le repli et la fragmentation prendre le dessus [...]. Nous savons que surmonter les défis mondiaux nécessite des formes renouvelées et renforcées de coopération globale », souligne le président français dans un communiqué de presse pour Project Syndicate. En effet, les vaccins qui seront présentés demain offrent une lueur d'espoir pour les millions de personnes vivant dans des régions endémiques, en particulier en Afrique subsaharienne. La majorité des dirigeants africains seront d’ailleurs présents à Paris.

Les asymptomatiques

L'infection par le parasite Plasmodium présente de nombreux défis pour la communauté scientifique, notamment en raison des multiples stratégies développées par le parasite pour déjouer la réponse immunitaire de son hôte. « Chez les malades, l’infection par le parasite est caractérisée par l’absence de réponse immunitaire protectrice, alors qu’une prémunition ne s’acquiert qu’après des années d’exposition », écrit Francine Kyabu Kyamanga. Dans les régions où le paludisme est hautement endémique, une partie de la population est porteuse asymptomatique. Après de nombreuses années d’infection chronique par le moustique parasite, certains individus tolèrent sa présence et développent une immunité naturelle, appelée « immunité acquise ». « L’immunité vis-à-vis des Plasmodium est donc un autre facteur important, en particulier chez les adultes dans les zones de transmission modérée à intense », explique Francine Kyabu Kyamanga. Cette immunité se développe après des années d’exposition et nécessite un contact permanent avec le parasite, phénomène connu sous le nom de prémunité. Bien que cette prémunité ne confère jamais une protection totale, elle réduit significativement le risque d'infection grave. Selon des données épidémiologiques de l’OMS, « c’est dans cette catégorie de population pensant être protégée que l’on retrouve actuellement une forte incidence des accès palustres lorsque ces personnes sont de nouveau exposées ». L'immunité acquise par exposition continue permet de réduire la gravité des infections ultérieures, mais ne confère jamais une protection totale. « Après l'infection initiale, survenant généralement dans l'enfance, l'effet dans les infections ultérieures est diminué tant que l'exposition est maintenue », précise Francine Kyabu Kyamanga, qui note l’importance des travaux menés par les scientifiques.

Des solutions existent

Ces dernières années, la recherche vaccinale contre le paludisme a connu des avancées notables. En 2016, l’équipe de Salaheddine Mécheri de l’Institut Pasteur, en collaboration avec le chercheur en microbiologie Robert Ménard, avait entrepris une approche vaccinale innovante. « Ils avaient modifié génétiquement des souches de Plasmodium en éteignant le gène codant pour la protéine HRF (histamine releasing factor). Les mutants obtenus, n’exprimant plus HRF, s’étaient révélés très efficaces dans le déclenchement de la réponse immunitaire ». Les mutants HRF obtenus dans cette étude étaient les premiers parasites génétiquement modifiés à contrôler directement la réponse immunitaire de l’hôte. « Espérant que le gène ciblé, ou une stratégie analogue stimulant l’immunité, pourrait amener à la construction de vaccins vivants contre le paludisme particulièrement efficaces et durables », ajoute Salaheddine Mécheri  Néanmoins, dans les régions où le paludisme reste hautement endémique, une partie de la population développe une immunité naturelle sans être vaccinée. « L’immunité se développe après des années d’exposition et nécessite un contact permanent avec le parasite, c’est ce que l’on appelle la prémunité ». Cependant, cette immunité ne confère jamais une protection totale et peut se perdre en l’absence de contact avec le parasite. Les initiatives de recherche vaccinale, comme celles qui seront présentées demain à Paris, montrent que la communauté scientifique continue de progresser dans la lutte contre le paludisme. L’immunité naturelle reste encore aujourd’hui l’une des solutions majeures pour lutter contre le paludisme.

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